Les effets indésirables des médicaments sont largement accrus par l’avancée en âge (ils doublent après 65 ans). Dus à divers facteurs, comme la surmédication chez les personnes âgées et la mauvaise adhésion aux prescriptions médicales des personnes âgées, il est important d’en reconnaître les symptômes afin d’éviter une pathologie iatrogène grave risquant d’entraîner la perte d’autonomie de la personne âgée.
En raison des effets qu’exerce le vieillissement sur l’organisme, les aînés cumulent souvent les maladies et donc les médicaments, d’où une surmédication chez les personnes âgées. En effet, d’après une étude de l’IRDES (Institut de Recherche et de Documentation en Économie de Santé), presque toutes les personnes âgées de 70 ans et plus souffrent de polypathologie : 93 % des aînés de cet âge déclarent au moins 2 maladies et la moitié au moins 6 maladies. Les maladies qui touchent le plus les personnes âgées sont d’ordre cardiovasculaire et ostéo-articulaire.
Par voie de conséquence, le nombre de médicaments prescrits par ordonnance s’élève en moyenne à 5 chez la personne âgée de plus de 70 ans, c’est-à-dire deux fois plus que pour un patient de 16 à 39 ans. L’avancée en âge se traduit donc par une polymédication (ou surmédication des personnes âgées), qui peut présenter des risques pour le sujet âgé (effets secondaires, interactions médicamenteuses…).
Les risques d’interactions médicamenteuses, dans cette surmédication des personnes âgées, sont par ailleurs aggravés par le manque de concertation qui existe parfois entre les différents médecins prescrivant des prescriptions médicales aux personnes âgées incompatibles, sans toujours prendre en compte les médicaments déjà pris par le patient.
D’après le syndicat des laboratoires pharmaceutiques (LEEM), une personne âgée sur deux ne suit pas correctement le traitement prescrit par le médecin, et risque donc une surmédication chez les personnes âgées. Les raisons de cette non-observance sont multiples, soit la personne âgée a mal compris ou mal entendu, soit elle estime qu’une fois les symptômes passés elle peut discontinuer le traitement.
À l’inverse, certains patients recourent à l’automédication pour soulager les douleurs, s’exposant là aussi à des risques de surmédication des personnes âgées et d’interactions entre médicaments. Pour exemple de surmédication des personnes âgées, une personne recevant un traitement à base de diurétique et prenant d’elle-même un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) peut souffrir d’une insuffisance rénale aiguë et se déshydrater en deux ou trois jours.
Les personnes âgées souffrant de perte de mémoire et de troubles cognitifs peuvent par ailleurs oublier de prendre leurs médicaments ou se tromper en les triant dans leurs piluliers ou en les rangeant dans la mauvaise boîte.
La polymédication augmente le risque d’effet indésirable des médicaments (iatrogénie), et cause souvent une surmédication chez les personnes âgées. Ainsi, 4 % des personnes prenant 5 médicaments par jour subissent un effet secondaire, cette proportion de surconsommation de médicaments augmentant avec la multiplication des médicaments (10 % pour 6 à 10 médicaments, 54 % pour 16 médicaments). Les pathologies iatrogènes (résultant d’un traitement médicamenteux ou non) représentent 5 à 10 % des motifs d’hospitalisation après 65 ans et entraînent pas moins de 20 % des hospitalisations après 80 ans.
Les prescriptions médicales des personnes âgées inadaptées ou potentiellement dangereuses ne sont pas rares (jusqu’à 40 % des sujets). Il est donc important devant tout événement sortant de l’ordinaire ou symptôme nouveau de penser à une possible origine de la surmédication des personnes âgées. Les pathologies iatrogènes peuvent être neurologiques (malaises, chutes, confusion…), cardiologiques (trouble du rythme, bradycardie…), gastriques (vomissement, ulcère…) ou urinaires (polyurie, rétention urinaire…).
Les conséquences de la surmédication chez les personnes âgées et des iatrogénies qui y sont associées peuvent être graves : décès (1 à 5 % des cas), séquelles et perte d’autonomie. Il convient donc d’informer le médecin de la prise d’autres médicaments, pour éviter la surmédication des personnes âgées, et de s’assurer d’avoir bien compris les effets possibles des différents médicaments. On peut également interroger le pharmacien en cas de doute.
Les facteurs de risque de l’iatrogénie (effet indésirable lié un traitement) chez la personne âgée sont nombreux. Comme on l’a vu, la polymédication (y compris l’automédication) et le manque de concertation entre les différents prescripteurs entraînent des risques d’interactions médicamenteuses. Un deuxième facteur concerne les modifications physiologiques du devenir des médicaments dans l’organisme de la personne âgée. Entre autres changements, les facultés d’élimination des médicaments s’altèrent avec l’avancée en âge et peuvent accroître les effets indésirables. La présence de pathologies associées augmente également les risques. Les troubles de la vue et de l’audition, les troubles psychiques et cognitifs, la perte d’autonomie fonctionnelle, ainsi que les difficultés sociales du patient (isolement, difficultés financières compliquant l’approvisionnement en médicaments) accroissent ainsi les risques d’erreur et de mauvaise observance des prescriptions. Autant de facteurs à surveiller chez un proche âgé.
Les principaux médicaments à risque sont les traitements cardio-vasculaires, les psychotropes, les anticoagulants (risque d’hémorragie digestive), les antalgiques (AINS, corticoïdes, opiacés), les antibiotiques (éruptions cutanées) et les hypoglycémiants.
Les médicaments entraînant le plus souvent des interactions sont les traitements à visée cardio-vasculaire et les psychotropes. L’association de deux médicaments de la même classe (par exemple deux AINS) ou aux effets pharmaceutiques similaires (par exemple l’aspirine et un autre AINS) peut également s’avérer dangereuse. Il convient donc de toujours informer son médecin sur les traitements déjà prescrits par un autre spécialiste
Les trois manifestations cliniques qui doivent alerter en premier lieu sont les chutes et malaises (souvent dus à une hypotension), la confusion mentale et les troubles digestifs (troubles d’appétit et du goût – sources d’anorexie et de dénutrition, les nausées et vomissements, les diarrhées ou la constipation). D’autres symptômes peuvent indiquer une possible pathologie iatrogène : l’éruption cutanée, la déshydratation, la somnolence, l’asthénie, l’insuffisance rénale, l’hypoglycémie. En règle générale, tout symptôme inhabituel ou nouveau chez la personne âgée doit faire penser à un possible effet indésirable lié la prise médicamenteuse.
Les trois manifestations cliniques qui doivent alerter en premier lieu sont les chutes et malaises (souvent dus à une hypotension), la confusion mentale et les troubles digestifs (troubles d’appétit et du goût – sources d’anorexie et de dénutrition, les nausées et vomissements, les diarrhées ou la constipation). D’autres symptômes peuvent indiquer une possible pathologie iatrogène : l’éruption cutanée, la déshydratation, la somnolence, l’asthénie, l’insuffisance rénale, l’hypoglycémie. En règle générale, tout symptôme inhabituel ou nouveau chez la personne âgée doit faire penser à un possible effet indésirable lié la prise médicamenteuse.
Une pathologie iatrogène est une pathologie entraînée par un traitement médical, qu’il soit médicamenteux ou non. Les conséquences indésirables des médicaments sont accrues en cas de polymédication, en raison des possibles interactions médicamenteuses. Les risques augmentent avec l’avancée en âge, en raison de l’existence de polypathologie et des changements de la pharmacocinétique et de la pharmacodynamie des médicaments dus au vieillissement.
L’observance signifie l’adhésion au traitement, c’est-à-dire « la concordance entre le comportement d’un patient et les prescriptions faites par son médecin » (Dr Olivier Hanon – « Médicaments et sujets âgés »). La moitié des patients n’adhère pas correctement aux prescriptions médicales. Le risque est accru par la polymédication et la complexité des traitements. Le défaut d’observance pourrait être responsable de 10 % des hospitalisations chez les personnes âgées.
La polymédication signifie la consommation simultanée de plusieurs médicaments. Elle est justifiée par la polypathologie à laquelle sont sujettes la plupart des personnes âgées. Seulement 11 % des personnes âgées de 65 ans et plus ne prennent aucun médicament. Près de 4 Français âgés sur 10 consomment entre 5 et 10 médicaments par jour. La polymédication majore les risques d’effets secondaires.
La surmédication, souvent utilisée comme synonyme de polymédication, signifie la prise excessive de médicaments. Elle peut être due à une polymédication légitime en raison du cumul de plusieurs maladies, à laquelle peut s’ajouter une automédication du sujet âgé qui prend par exemple des antalgiques non prescrits pour soulager la douleur, malgré le risque d’interaction médicamenteuse.
L’automédication consiste à prendre des médicaments sans prescription médicale (le plus souvent de l’aspirine, des anti-inflammatoires non-stéroïdiens, des laxatifs, des neuroleptiques cachés, des somnifères et des protecteurs des muqueuses gastriques). L’automédication peut être « contrôlée » (délivrée par le pharmacien) ou « improvisée » (stocks de médicaments non utilisés, conseil des proches). Elle concernerait environ un tiers des personnes âgées.