Si nos compagnons à quatre pattes ne sont pas dotés de la parole, ils ne sont pas pour autant dénués de communication.
Jeune intervenante en médiation animale avec des petits animaux (chinchillas, lapins, cobays, hamsters), formée en psychologie, en méthodologie de projet et en connaissances animalières, Estelle se bat au quotidien pour que l'intervention d'animaux auprès de personnes âgées présentant des troubles cognitifs, des syndromes démentiels ou encore des difficultés psychologiques liées au vieillissement soit reconnue et se développe. Que peuvent apporter ces petites bêtes à nos ainés ?
Vous trouverez des éléments de réponse dans cet article qu'Estelle a bien voulu rédiger pour Medipages.
Pour aller plus loin, contacter et soutenir Estelle, vous pouvez suivre son projet sur cette page : https://www.facebook.com/hautlespattes
Dans notre société occidentale, industrialisée et aseptisée, les animaux viennent rappeler les émotions, les odeurs, les sens primaires de l’enfance.
Faire intervenir des animaux dans les établissements d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes permet la reviviscence de souvenirs anciens, profondément ancrés dans la mémoire des résidents. En effet, ces sensations sont souvent en adéquation avec la vie plus rurale qu’ils ont connu antérieurement, et permet d’établir un lien entre le passé et le présent, tout en passant d’agréables moments.
La médiation animale vient accentuer ces ressentis. Maryse de Palma la définit dans son ouvrage « Entre l’humain et l’animal : la zoothérapie » comme une « activité qui s’exerce sous forme individuelle ou de groupe à l’aide d’un animal familier, soigneusement sélectionné et entrainé, introduit par un intervenant qualifié dans l’environnement immédiat d’une personne chez qui l’on recherche à susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer son potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif ».
En faisant appel aux bienfaits des animaux sur les humains, nous tentons de contourner des difficultés que l’on pourrait éventuellement rencontrer dans le cadre d’une relation classique, et ce, dans plusieurs objectifs : faire de la thérapie (TAA), faire de l’animation (AAA) ou du bénévolat (chiens visiteurs).
L’intervention d’un animal auprès de personnes âgées institutionnalisées peut-être de trois ordres :
- Il peut s’agir de bénévolat, avec le principe de l’animal visiteur : Une association ou un particulier démarche le directeur de l’établissement et si ce dernier accepte l’initiative, ils conviennent ensemble des modalités de passages durant lesquels il accèdera à l’EHPAD avec son ou ses animaux. Cette pratique est communément nommée « les chiens visiteurs ».
- Lorsqu’une personne formée spécifiquement à la médiation animale propose une intervention, il s’agit alors d’une dimension professionnelle. Dans le cadre où l’intervenant a une formation initiale de soignant ou de travailleur social, l’action sera de l’ordre de l’animation assistée par l’animal (A.A.A.), avec une dimension globalement occupationnelle et des objectifs thérapeutiques sous-jacents. L’intervenant propose un projet d’intervention relativement précis (analyse du contexte, réflexion et étude de la personne au préalable pour mieux connaitre ses besoins…). Cette mise en place d’animation permet de changer les idées des personnes âgées, de les sortir du cadre médical dans lequel ils vivent en proposant une activité cadrée, un atelier avec l’intervention d’un élément naturel, permettant parfois l’émergence de lointains souvenirs.
- Enfin, lorsque la formation initiale de l’intervenant relève du domaine médical / thérapeutique, nous parlons de thérapie assistée par l’animal. Il s’agit, dans ce cas, de poser des objectifs médicaux et thérapeutiques spécifiques en fonction des besoins des personnes accueillies. Par l’intermédiaire de l’intervention d’animaux dressés, les thérapeutes vont tenter de résoudre ou comprendre différents problèmes délicats et difficiles à résoudre dans une relation duale. Il s’agit alors réellement d’un soin au sens strict du terme, avec un protocole et des objectifs principalement thérapeutiques.
Différents objectifs globaux émanent de cette pratique et sont spécifiés en fonction de chaque individu. Les résultats varient d’une personne à l’autre en fonction de sa situation, de sa problématique…
De manière générale, la médiation animale, quel que soit son degré (Bénévolat, AAA et TAA), tente de favoriser les liens sociaux et la coopération entre résidents, limite les risques de dépression, permet le travail et le maintien de l’autonomie (stimulation des capacités physiques (motricité) et psychiques, mais également diverses tâches cognitives (mémoire, attention…). Nous avons également constaté que cela encourageait l’expression et satisfaisait les besoins des résidents sur le plan affectif, et leur offrait un moment d’apaisement. Ces interventions valorisent le sens des responsabilités, permettent aux personnes âgées de regagner un peu d’estime de soi et dynamise leur environnement suite à une entrée en institution souvent difficile compte tenu de tout ce qu’elle engendre.
La prise en charge de la dépendance, qui fait débat et pose question de nos jours, est une grande problématique rencontrée par les personnes âgées en institutions. En effet, elles passent souvent de leur maison où elles ont des souvenirs, à un lieu qu’elles ne connaissent pas. Elles doivent tout quitter et s’adapter à de nouvelles règles de vie liées à la vie en collectivité.
En présence d’un animal, les résidents passent d’un « statut de soignés au statut de soignants », en prenant en charge l’entretien du lieu de vie de l’animal, l’apport en alimentation et en eau quotidienne. La situation de handicap imposée par la dépendance ne pose plus de problème : l’intervenant veillera à ne pas mettre en difficultés la personne.
Par ailleurs, les soignants de la structure qui assistent à ces ateliers voient les résidents sous un nouveau jour, cela permet de développer une autre relation entre résident / équipe professionnelle.
Tous les animaux peuvent intervenir, à la seule condition qu’ils aient un caractère adéquat à la manipulation et à la médiation. L’intervenant s’engage à faire suivre ses animaux par un vétérinaire agréé, et donc à faire intervenir des animaux en bonne santé et à jour dans tous leurs soins / vaccins.
On constate depuis quelques années une diversification des animaux intervenants : L’équithérapie (intervention avec les chevaux) a déjà une certaine notoriété dans notre pays, les chiens sont des plus en plus acceptés en partie grâce aux bienfaits qu’ils apportent aux personnes malvoyantes (leur utilité est reconnue), tandis que l’intervention avec des chats ou des NAC (nouveaux animaux de compagnie (rongeurs, lagomorphes…) reste minoritaire et peu connue.
En fonction de la formation de l’intervenant, certains peuvent intervenir avec des animaux plus exotiques : capucins, perroquets…
La pratique de la médiation animale est une activité professionnelle, mais elle ne constitue pas un métier à part entière. Ainsi, les intervenants en médiation animale ont une formation de base, à laquelle va venir s’ajouter une formation spécifique (dispensée par un organisme habilité : AGATEA, Institut français de zoothérapie, Clos de Ganou… ou un diplôme universitaire : DU RAMA –Relation d’aide par la médiation animale de Clermont Ferrand ou DU RHA –relation homme animal de Paris Décartes).
Ainsi, des éleveurs, ayant de bonnes connaissances liées aux animaux, vont pouvoir, par l’une de ces formations complémentaires d’intervenant en médiation animale, se former à l’intervention auprès de personnes en difficultés. A l’inverse, un professionnel du secteur social, médico-social, médical, para-médical, sera plus sensible aux informations liées aux animaux afin de les intégrer dans leur pratique professionnelle.
Enfin, au cours d’une carrière, il convient comme pour tous les professionnels, de se former continuellement sur les nouvelles pratiques, sur l’évolution de la prise en charge des personnes âgées en institution, afin de remettre en question sa pratique pour toujours être au plus près des besoins des résidents.
Les interventions sont souvent des initiatives individuelles et ces initiatives ne sont pas listées sur un fichier consultable. Les statuts juridiques d’interventions (lorsque l’intervention est réalisée par un intervenant extérieur) sont : le régime de l’auto entrepreneur et le statut associatif.
Vous pouvez donc vous renseigner auprès de votre mairie afin de savoir si une association pratiquant des interventions de médiation animale est créée dans votre ville.
Les prestations d’intervenants extérieurs se font la plupart du temps suite à la demande des résidents et de leurs familles. Parlez-en autour de vous, auprès des autres résidents et de leurs familles afin de réaliser une demande commune auprès de la direction et du service de la vie sociale de l’établissement qui sauront faire le nécessaire pour répondre à vos souhaits.
Activité qui s’exerce sous forme individuelle ou de groupe à l’aide d’un animal familier, soigneusement sélectionné et entrainé, introduit par un intervenant qualifié dans l’environnement immédiat d’une personne chez qui l’on recherche à susciter des réactions visant à maintenir ou à améliorer son potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif.